Le mardi 24 janvier, une audience importante aura lieu au Parlement européen. La voix des 1,1 million d’Européens qui ont signé l’initiative citoyenne Save Bees and Farmers y sera présentée. Pour faire face à la crise de la biodiversité, ils demandent une réduction de 80 % des pesticides de synthèse d’ici à 2030 et leur élimination totale d’ici à 2035. Ils souhaitent que les agriculteurs soient récompensés pour leur travail avec la nature. La proposition sera mise en évidence et les membres du Parlement poseront des questions et feront des commentaires.
Cette audition intervient à un moment important. Une proposition de la Commission européenne visant à réduire l’utilisation des pesticides de 50 % en 2030 a suscité de vives critiques de la part de l’agro-industrie. Ils ont convaincu 19 (*) pays au Conseil de l’UE en décembre de demander à la Commission européenne une nouvelle évaluation d’impact pour rendre compte des éventuelles pertes de production et pénuries alimentaires liées à l’agression russe en Ukraine. Cela entraîne un retard considérable qui pourrait faire dérailler le Pacte vert pour l’Europe.
Le règlement sur la réduction des pesticides et une nouvelle loi sur la restauration de la nature font tous deux partie du Pacte vert pour l’Europe et de la stratégie "de la ferme à la table". Les projets sont examinés par le Conseil et le Parlement de l’UE et devraient aboutir à une décision finale cette année.
"Nous devons agir rapidement. Nous sommes confrontés à un effondrement de la biodiversité et il ne peut y avoir de production alimentaire durable sans biodiversité. Un échec retarderait les plans du Pacte vert pour l’Europe d’au moins 10 ans et nous n’avons pas ce temps", déclare Martin Dermine, principal représentant de l’ICE.
"L’UE a déjà accepté en 2009 de réduire fortement les pesticides", déclare Helmut Burtscher-Schaden, deuxième représentant. "Cette ’directive sur l’utilisation durable des pesticides’ n’a pas été mise en œuvre par les États membres et la réduction promise ne s’est jamais concrétisée. C’est pourquoi la Commission propose maintenant un règlement contraignant. Ce qui est bien et urgent, mais nous avons besoin de beaucoup plus d’ambition pour nous donner un avenir à nous-mêmes, à nos enfants et aux générations à venir."
• Le professeur assistant Jeroen Candel soulignera la faiblesse des évaluations d’impact et l’urgence d’agir maintenant. Il est à l’origine d’un plaidoyer signé par 739 scientifiques de toute l’Europe en faveur d’un règlement ambitieux sur les pesticides.
• Jean-Bertrand Lozier, agriculteur français, expliquera comment il a réduit de 80 % l’utilisation des pesticides sur son exploitation de 80 hectares de terres arables, sans perte de production, tout en augmentant ses bénéfices et en réduisant sa charge de travail.
• Le professeur Violette Geissen, pédologue, donnera un aperçu des derniers résultats des études sur les résidus de pesticides et de l’effet cocktail des pesticides sur notre santé et notre environnement.
L’audition aura lieu le mardi 24 janvier de 14h30 à 18h30 au Parlement européen à Bruxelles. L’événement sera diffusé en direct sur le lien suivant : https://www.europarl.europa.eu/committees/en/envi/meetings/webstreaming
(*) Autriche, Bulgarie, Croatie, Chypre, Estonie, Finlande, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie et Slovénie.