Sans surprise, ce mardi 27 octobre, le Sénat a entériné le projet de loi visant à permettre le retour des néonicotinoïdes dans les champs français par 184 voix contre 128. Malgré les efforts notables de certains sénateurs visant à convaincre leurs collègues de ne pas revenir sur cet acquis précieux de la préservation de notre biodiversité, le Sénat dans sa majorité n’aura pas su mesurer la gravité du retour en arrière opéré. Préférant céder aux sirènes de l’industrie sucrière et aux intérêts financiers de l’agrochimie, il sera resté sourd aux appels de la communauté scientifique, resté sourd aux demandes de nos concitoyens, resté sourd à l’état d’alerte maximale dans laquelle se trouvent les pollinisateurs et la biodiversité.
Par ce vote, sénateurs et députés acceptent conjointement de valider un modèle agricole qui reconnait reposer pour sa survie sur l’usage de pesticides dévastateurs de la biodiversité. C’est un signal très négatif envoyé au monde agricole. C’est aussi un signal très négatif envoyé à nos voisins européens, auxquels la France avait su jusque-là montrer la voie de la conciliation de la protection de la biodiversité avec les enjeux de production.
Ce vote est fondé sur une accumulation de contrevérités inacceptables soulevées par l’UNAF et de nombreuses organisations. Il est faux de dire que les néonicotinoïdes utilisés sur la betterave ne sont pas dangereux pour les pollinisateurs, il est faux d’affirmer que la jaunisse est la cause de la crise traversée par la filière sucrière, il est faux de dire qu’il n’y a pas d’autres voies que les néonicotinoïdes. Par ailleurs, au-delà de la betterave, ce texte comporte le risque réel de la réutilisation des néonicotinoïdes par d’autres cultures.
Avec de telles décisions à rebours de toutes les publications scientifiques et à rebours des attentes de nos concitoyens, nous le déclarons : avec l’ensemble des organisations qui ont œuvré tout au long de ce débat parlementaire, les apiculteurs n’en resteront pas là.
Pour Christian Pons, président de l’UNAF, « en 2016 avec la loi Biodiversité, la France avait enfin répondu à 25 ans d’alerte et de combat des apiculteurs sur le désastre écologique engendré par ces produits. Aujourd’hui, on assiste à un véritable reniement des ambitions françaises en matière de protection de la biodiversité. Pour l’avenir des générations futures, pour la sauvegarde de l’environnement, pour la protection des abeilles et des pollinisateurs, pour le maintien d’un réseau de pollinisateurs indispensable à notre alimentation, c’est inacceptable. C’est un vote contre l’intérêt général, et pour un retour des néonicotinoïdes à notre table. "
Détail des votes du scrutin public votant le projet de loi : http://www.senat.fr/scrutin-public/2020/scr2020-8.html