L’Union Nationale de l’Apiculture Française réagit au Bilan du Plan de développement durable de l’apiculture annoncé par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, vendredi 19 juin 2015.
Selon le communiqué du ministre de l’Agriculture, en date du 19 juin 2015, 70% des actions inscrites dans le plan de développement durable de l’apiculture auraient été mises en œuvre et la plupart des objectifs atteints ! Les apiculteurs sont ravis d’apprendre que l’objectif de diminuer l’impact des pesticides sur la santé des colonies a été réalisé à 100% !
Comment le ministre peut-il à ce point affirmer que cet objectif est atteint alors que le taux moyen de mortalité est selon un rapport européen, toujours de 30%, et que certains apiculteurs comme dans la plaine de la Crau déplorent plus de 80% de pertes de colonies dues à des intoxications et que rien n’est véritablement fait pour réduire l’impact des pesticides.
Malgré ces pertes, les apiculteurs parviennent à maintenir le cheptel grâce à leur compétence et leur professionnalisme acquis dans les centres de formation ou les ruchers écoles. Dès lors, le projet par les pouvoirs publics de mise en place d’un certificat de compétence pour les professionnels constitue une insulte pour notre filière. Sans le savoir faire des apiculteurs, il n’y aurait déjà quasiment plus d’abeilles domestiques, aujourd’hui, en France.
Les apiculteurs dénoncent l’inflation d’autorisation de mises sur le marché de pesticides dont l’évaluation présente toujours de graves lacunes.
La modification de l’arrêté « Abeilles » du 28 novembre 2003 visant à encadrer l’épandage de pesticides en présence de pollinisateurs, n’est toujours pas parue... six mois après la fin de la consultation publique.
Enfin, contrairement à ce que prétend le ministre de l’Agriculture l’adoption de nouvelles méthodes d’évaluations des pesticides est toujours bloquée au niveau européen du fait de désaccords des Etats membres. Affirmer le contraire est un mensonge pour l’Union Nationale de l’Apiculture Française.
Par ailleurs, le ministre tente de faire croire que les difficultés rencontrées par les apiculteurs proviennent principalement de leur manque de structuration. L’UNAF rappelle au ministre que jusqu’en 1995, alors que la filière était moins organisée, la France était leader européen et produisait 33 000 tonnes de miel. En 2014, la production française a plafonné à moins de 10 000 tonnes.
En réalité, derrière une structuration annoncée de la filière et sans prendre en considération les attentes des organisations syndicales, le ministre de l’Agriculture souhaite mettre au pas les apiculteurs pour favoriser les intérêts de l’agrochimie et de l’agriculture intensive.
L’essor de la filière et une production de miel répondant à l’attente des consommateurs passent de façon déterminante par une amélioration de l’environnement des abeilles, et non par la création d’une démarche ‘’miel de France’’.
Double langage, effets d’annonces, déclarations d’intentions, imposition d’une nouvelle gouvernance sanitaire, les apiculteurs sont excédés de cette politique de la communication.
Alors que les Journées Nationales APIdays, organisées par l’Union Nationale de l’Apiculture Française, viennent de connaître un très grand succès, dans plus de 80 lieux dans toute la France, en Outremer et à Monaco, nos concitoyens comme de nombreux élus, très attachés à la sauvegarde des abeilles ne comprennent pas l’absence de vraies mesures efficaces et concrètes pour soutenir les apiculteurs.
Pour Gilles Lanio, Président de l’UNAF : « L’Union Nationale de l’Apiculture Française a œuvré de manière constructive depuis 3 ans au plan de développement durable de l’apiculture. Mais face à une telle politique mensongère du ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, les apiculteurs et l’UNAF s’indignent d’un tel mépris à leur égard et n’en resteront pas là ».