L’arrivée sur le marché des pesticides, au début des années 1990, de produits neurotoxiques, appelés néonicotinoides, a provoqué des pertes massives de colonies d’abeilles. L’UNAF est mobilisés depuis plus de 30 ans contre les néonicotinoïdes.
Chronologie de l’arrivée des néonicotinoïdes et des actions de l’UNAF en France
🔹 1991 : Autorisation du Gaucho (imidaclopride)
• Bayer lance le Gaucho, un insecticide systémique utilisé en enrobage de semences (tournesol, maïs). C’est l’un des premiers néonicotinoïdes, une famille d’insecticides systémiques agissant sur le système nerveux central des insectes.
• L’UNAF commence à surveiller de près ses effets, avec l’apparition des premières mortalités inexpliquées d’abeilles dans le Sud-Ouest.
• L’industrie agrochimique lance plusieurs néonicotinoïdes à partir de nouvelles molécules neurotoxiques : Clothianidine (Poncho par Bayer / Takeda), Thiaméthoxame (Cruiser par Syngenta), Acétamipride (Mospilan par Bayer et Nisso Chemical), Thiaclopride (Calypso par Bayer). Dans un second temps, des multinationales comme Corteva Agriscience (fusion de Dow AgroSciences et DuPont) développeront une « seconde génération » de neurotoxiques comme le Closer et Transform
🔹 1994-1996 : Premières alertes de surmortalités
• L’UNAF interpelle les autorités sanitaires et agricoles sur les mortalités massives d’abeilles.
• Elle soutient les apiculteurs locaux, notamment dans le Lot-et-Garonne.
• Elle initie des analyses de pollen et de butinage, démontrant la présence de résidus d’imidaclopride.
🔹 1998 : Mobilisation apicole nationale
• L’UNAF organise des manifestations à Paris et dans les régions, en collaboration avec les syndicats d’apiculteurs, et lance une campagne médiatique pour alerter l’opinion publique.
• Dépôt de requêtes administratives contre l’utilisation du Gaucho sur le tournesol.
🔹 1999 : Suspension du Gaucho sur le tournesol
• Suite à la pression de l’UNAF, du monde scientifique et du public, le ministère de l’Agriculture suspend le Gaucho sur le tournesol.
• Première victoire juridique et politique.
🔹 2003-2004 : Interdiction du Gaucho sur le maïs et du Régent TS
• L’UNAF multiplie les actions juridiques : référés, requêtes au Conseil d’État.
• Elle produit et soutient des expertises scientifiques indépendantes (notamment celles de l’INRA et du CNRS).
• Le Gaucho est interdit sur le maïs, et le Régent TS est suspendu.
🔹 2005-2012 : Actions en justice, expertise scientifique, colloques
• L’UNAF dépose des plaintes pénales pour mise en danger de la vie des abeilles.
• Elle organise plusieurs colloques scientifiques, dont celui de 2008 intitulé : « Abeilles en danger – Agriculture en question »
• Elle crée la Charte "Abeille, sentinelle de l’environnement", pour sensibiliser élus, citoyens et entreprises.
• Le principe de précaution est invoqué par les autorités françaises à plusieurs reprises.
🔹 2013 : Appui à la décision de l’Union européenne
• L’UNAF plaide activement à Bruxelles, auprès des députés européens et de la Commission européenne.
• L’UE suspend trois néonicotinoïdes (imidaclopride, clothianidine, thiaméthoxame) pour certaines cultures attractives pour les abeilles (maïs, colza, tournesol). Cette mesure est prise par la Commission européenne après avis de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments).
🔹 2016 : Adoption de la loi Biodiversité
• La France adopte une loi ambitieuse : Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages (n°2016-1087, 8 août 2016). Elle prévoit l’interdiction de tous les néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018, avec possibilité de dérogation jusqu’au 1er juillet 2020.
• L’UNAF participe aux concertations parlementaires et joue un rôle déterminant dans l’obtention de l’interdiction totale des néonicotinoïdes à partir de 2018 dans la loi pour la reconquête de la biodiversité.
• L’UNAF organise des actions de lobbying citoyen avec envoi massif de courriers aux parlementaires.
🔹 2018 : Interdiction effective en France
• Interdiction de 5 substances actives : imidaclopride, clothianidine, thiaméthoxame, thiaclopride, acétamipride. La France devient l’un des premiers pays à interdire totalement les néonicotinoïdes, y compris en traitement de semences. L’UNAF salue publiquement la mise en œuvre de la loi.
• Elle continue à surveiller l’application et dénonce les pressions de l’industrie agrochimique pour revenir sur l’interdiction.
• De nouvelles restrictions sont prises au niveau de l’UE pour les substances actives clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame suite aux conclusions de l’EFSA. Leurs approbations ayant expirées en 2019 et 2020, elles sont depuis interdites dans l’UE.
🔹 2020 : Retour temporaire des néonicotinoïdes (betteraves sucrières)
• Le gouvernement autorise par dérogation l’usage de l’acétamipride sur les semis de betteraves sucrières.
• L’UNAF s’oppose vigoureusement à cette décision : Lancement de pétitions, tribunes dans la presse, auditions parlementaires et Soutien à un recours devant le Conseil d’État, porté avec d’autres ONG.
🔹 2022 - Les conditions d’utilisation du sulfoxaflor sont restreintes au niveau de l’UE
🔹 2023 : Victoire juridique contre la réautorisation
• La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) juge illégales les dérogations françaises. Le gouvernement renonce à toute nouvelle autorisation.
• L’UNAF salue une victoire décisive pour la biodiversité, mais appelle à la vigilance sur les nouvelles générations d’insecticides.
🔹 2024 : L’EFSA augmente le risque de neurotoxicité de l’acétamipride
L’Autorité européenne de sécurité des aliments a revu à la baisse les seuils acceptables de toxicité de l’acétamipride, en raison de nouvelles données scientifiques indiquant un risque potentiel de neurotoxicité développementale. Elle recommande de diviser par cinq les doses journalières admissibles (DJA et ARfD) dans les fruits et légumes, signalant ainsi une toxicité plus élevée que précédemment estimée.
🔹 2025 : Victoire juridique contre Corteva et l’ANSES
La Cour administrative d’appel de Marseille annule les autorisations de mise sur le marché (AMM) des insecticides Closer et Transform, à base de Sulfoxaflor, produits par la multinationale Corteva Agriscience. Les études en 2017 de l’ANSES sont reconnus comme pas satisfaisante au regard du droit européen