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Face à la pression de l’agrochimie, les apiculteurs tiennent bon – et la société avec eux

26 mai 2025

Le débat et le vote de la proposition de loi Duplomb à l’Assemblée nationale doit commencer aujourd’hui, mais les partisans du texte tentent de contourner les députés. Ce cinquième message revient sur les raisons de la mobilisation des apiculteurs et leur soutien dans la population.

Madame la Députée, Monsieur le Député,

En pleine saison apicole, alors que les hausses des ruches se remplissent plutôt bien et que l’année s’annonce prometteuse, les apicultrices et apiculteurs restent pleinement mobilisés contre la proposition de loi Duplomb. Et ils peuvent compter sur un large soutien. Ainsi le succès de la pétitionlancée il y a, à peine quelques jours par l’UNAF : 25 000 citoyens y ont déjà apposé leur signature, réaffirmant un refus net de ce texte qui menace directement la santé publique, l’avenir de l’apiculture et de l’agriculture française comme la biodiversité.

Aujourd’hui, les partisans du projet tentent de contourner le débat à l’Assemblée nationale pour trouver un « compromis » avec le Sénat. On peut craindre le pire sur le texte final qui sortirait de ces arrangements en catimini entre quelques élus et le gouvernement, au mépris de la représentativité parlementaire. Nous ne laisserons pas passer une loi qui irait à l’encontre de notre profession et compromettrait l’avenir des générations futures.

Les apiculteurs ont été les premiers à manifester contre ce texte dans plusieurs villes — Toulouse, Bordeaux, Blois, Puy-en-Velay, Auxerre, Besançon, Nantes — et ont pris la parole dans les médias pour exprimer leur inquiétude profonde face à cette régression sanitaire, agronomique et environnementale.

Une alerte solennelle, largement partagée

Chaque jour un peu plus, les Françaises et les Français ouvrent les yeux sur les risques graves liés aux pesticides. A donner toujours plus de liberté à quelques agriculteurs d’utiliser des produits toxiques, les décideurs coupent la population du monde agricole. Cette proposition de loi, sous couvert de “liberté” pour les agriculteurs, prévoit des retours en arrière incompréhensibles et inutiles, alors même que les données scientifiques existent et que des solutions alternatives aussi, comme l’ont démontré les expertises de l’ANSES et de l’INRAE.

Les néonicotinoïdes ne tuent pas seulement les abeilles et les insectes pollinisateurs. Ce sont des substances neurotoxiques persistantes, dangereuses pour :
 les femmes enceintes (risques de malformations, troubles hormonaux),
 les enfants (retards cognitifs, cancers pédiatriques, troubles de l’attention),
 les agriculteurs eux-mêmes (cancers).

Un choix politique risqué, une fracture rurale inutile

La réintroduction des néonicotinoïdes, soutenue par certains lobbys, divise le monde agricole et rural. Elle fragilise l’indispensable solidarité entre agriculteurs et apiculteurs, et fait le jeu d’une dérégulation décomplexée, sans protection face à la concurrence étrangère issue des accords de libre-échange.
Les agriculteurs, comme les apiculteurs, ont besoin de revenus garantis, pas de l’illusion d’un retour à des pratiques mortifères du passé.

Un appel à la responsabilité

Les apiculteurs, toujours légalistes, n’ont pas de tracteurs pour bloquer les routes. Ils ne dégradent pas les permanences. Mais ils ont des syndicats responsables, comme l’UNAF, qui n’hésitent pas à saisir la justice pour faire respecter la science et la loi face aux dérives de l’agrochimie.

Sans abeilles, pas de fruits, pas de légumes, pas d’agriculture durable  », est la conclusion de cette pétition.

Nous vous demandons solennellement de voter en conscience, de refuser la régression, et de protéger la vie.

Avec gravité et espoir,

Christian Pons
Président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française

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