Les syndicats en région
Accueil > Actualités > Il pleut de l’acétamipride au Japon et c’est très inquiétant

Il pleut de l’acétamipride au Japon et c’est très inquiétant

5 juin 2025

L’Union Nationale de l’Apiculture Française et le collectif Alerte des Médecins sur les Pesticides tirent la sonnette d’alarme à la suite de la publication d’une étude scientifique japonaise parue dans JSTAGE le 31 mai 2025 qui démontre la présence de néonicotinoïdes, et plus particulièrement de l’acétamipride, dans les précipitations.

L’UNAF et Alerte des Médecins sur les Pesticides demandent une réaction immédiate des autorités sanitaires françaises et notamment une réévaluation des risques de l’acétamipride pour la santé humaine et celle des pollinisateurs. Malgré le consensus scientifique sur l’ampleur de sa toxicité qui va bien au-delà des insectes cibles, L’acétamipride est en passe d’être réautorisé en France à travers la proposition de loi Duplomb.
Cette recherche, menée au Japon entre avril 2023 et septembre 2024, révèle que 91 % des échantillons d’eau de pluie analysés contiennent des néonicotinoïdes, ces insecticides systémiques qui nuisent gravement aux pollinisateurs, à la biodiversité et à la santé humaine. Parmi eux, l’acétamipride a été détecté dans 82 % des échantillons, avec une concentration moyenne de 0,36 ng/L. Le Japon autorise l’usage de l’acétamipride depuis 1993 notamment pour la culture du riz et la protection des forêts de pins. Ces prélèvements ont été réalisés dans les régions de Tsukuba et de Kashiwa.

Lien vers l’étude japonaise

« Cette étude prouve qu’il peut littéralement pleuvoir des pesticides. Même peu volatiles, les néonicotinoïdes peuvent se retrouver dans l’atmosphère et redescendre via les précipitations, contaminant ainsi l’environnement de manière diffuse et persistante », alerte le collectif Alerte des Médecins sur les Pesticides.
Cette découverte est extrêmement préoccupante. Elle montre que l’acétamipride se retrouve dans l’eau de pluie, ce qui implique une dispersion environnementale à très large échelle et des expositions chroniques pour les insectes, les oiseaux et les populations humaines, y compris les plus vulnérables comme les enfants et les femmes enceintes.

Face à ces résultats alarmants accumulés depuis une dizaine d’années, nous demandons aux parlementaires de tous bords de saisir sans délai l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour évaluer les risques sanitaires de l’acétamipride, en intégrant toutes les nouvelles données dont ce mode de dispersion via les précipitations et en évaluant de nouveau sa persistance dans l’eau actuellement largement sous-estimée.

Ce mode de contamination atmosphérique met en lumière une nouvelle faille dans l’évaluation des risques de l’EFSA, tant pour la santé humaine que pour le vivant en général (pollinisateurs, faune sauvage, milieux aquatiques).

« La réévaluation de l’acétamipride doit intégrer toutes les voies d’exposition, y compris atmosphériques et tous les effets sur le vivant, aujourd’hui négligés, alors que la science montre leur extrême dangerosité plus que préoccupante. », rappelle l’UNAF.

Il est temps d’appliquer le principe de précaution et de prévenir les maladies à venir

Alors que les néonicotinoïdes sont interdits en France pour leur dangerosité envers les pollinisateurs, l’acétamipride risque d’être réautorisé, bien qu’il appartienne à la même famille chimique. Ce nouveau signal d’alerte scientifique doit être pris en considération par les décideurs politiques.

L’UNAF et Alerte des Médecins sur les Pesticides appellent les pouvoirs publics à agir de manière responsable et transparente pour protéger la santé publique et la biodiversité face à ces substances invisibles mais omniprésentes.

De nombreux articles détaillent les impacts de ce neurotoxique sur l’abeille, notamment sur la durée de vie, la cognition, l’apprentissage, la mémoire, le comportement de butinage et le microbiote ; autant d’éléments essentiels par exemple à la vie d’une colonie d’abeilles.

Pour rappel, de nombreuses études ont montré la toxicité de l’acétamipride pour l’humain, sa reprotoxicité (toxicité altérant la fertilité ou le développement du fœtus), sa neurotoxicité (toxicité sur le système nerveux), sa génotoxicité (toxicité sur l’ADN d’une cellule) et sa cancérogénicité.

Site Alerte des Médecins sur les Pesticides

Union Nationale de l'Apiculture Française - UNAF - 5 bis rue Faÿs - 94160 Saint Mandé - Tel. 01 41 79 74 40 Mentions légales et crédits