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La santé et les pollinisateurs sont-ils pour vous vraiment des contraintes ?

4 juillet 2025

Avant le vote de l’Assemblée nationale le 8 juillet sur la "loi Duplomb", le président de l’UNAF a écrit à tous les député.e.s pour leur demander solennelement de s’opposer à ce texte dangereux pour l’apiculture, les pollinisateurs et la santé humaine.

Madame la Députée, Monsieur le Député,

Au lendemain de l’adoption par le Sénat de la proposition de « loi Duplomb », nous vous adressons ce message solennel. Il en va de la responsabilité collective des parlementaires de mettre un terme définitif à ce texte dangereux pour la santé publique, la biodiversité et le modèle agricole que nous devons construire pour demain.

La question posée par cette loi est simple mais cruciale : « La santé humaine et la survie des pollinisateurs sont-elles pour vous des contraintes ? » En effet, l’intitulé même de cette proposition de loi, visant à "lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur", révèle le biais de fond : considérer que la protection des abeilles, des insectes pollinisateurs, des sols, de l’eau et de la santé humaine est un obstacle, alors que ce sont des « devoirs fondamentaux » inscrits dans notre Constitution.

Pour vous rappeler que la Charte de l’environnement inscrite dans notre Constitution en 2015 prévoit notamment dans son article 2 : « Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement. »

Nous attendons de tous les parlementaires qu’ils défendent l’intérêt général, et non qu’ils se plient aux injonctions de quelques lobbys qui cherchent à faire passer des reculs majeurs pour des avancées.

Nous avons vu que certains d’entre vous, animés par la conscience de leur mission républicaine, ont refusé de suivre les consignes partisanes, malgré les pressions, les mensonges et les accusations de « trahison ». Nous saluons ce courage. Leur vote a décrédibilisé encore plus une loi rejetée par plus de 80% de nos compatriotes car elle réautorise en particulier des pesticides tueurs d’abeilles.

Ce texte sera examiné le 8 juillet à l’Assemblée nationale. Il revient sans les amendements après un passage en CMP où 10 des parlementaires présents étaient sous l’influence des lobbys de l’agrochimie. Ce petit groupe de parlementaires n’a pas écarté la réintroduction des néonicotinoïdes qui reste une ligne rouge pour l’UNAF.

Le texte permet la réautorisation des trois substances néonicotinoïdes sous forme de dérogations faussement « encadrées » contrairement à ce que les lobbys veulent faire croire :
  Il n’est plus question d’une réautorisation unique pour la filière Noisette représentant 8 000 hectares mais d’une réautorisation qui pourra concerner les filières betterave, cerise, pomme, etc. soit plus de 500 000 hectares.
  Il est question d’une réautorisation de 3 ans renouvelable chaque année, mais nous n’avons aucune illusion sur le renouvellement systématique de ces dérogations, comme cela a été le cas lors des dérogations accordées depuis 2020 par le gouvernement jusqu’à leur interdiction par la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE).
  Les pollinisateurs seraient « protégés » grâce à une interdiction de planter des végétaux attractifs pour les insectes pollinisateurs sur des surfaces ayant été traités avec des néonicotinoïdes. Ces mesures sont totalement insuffisantes dans le cas de ces substances systémiques qui sont absorbées par les cultures traitées (pouvant ainsi contaminer les pollinisateurs après l’épandage via les gouttes de guttation, le pollen, le nectar etc.) mais aussi par les fleurs sauvages et arbres alentours (absorptions via leurs racines).

Nous faisons confiance à une majorité de députés de tous horizons politiques, pour voter bien au-dessus des postures, et refuser de légitimer une telle régression environnementale et sanitaire.

Refuser la PPL Duplomb, c’est protéger :
 le rôle pionnier de la France dans la protection des pollinisateurs,
 le travail des apiculteurs et agriculteurs engagés dans la transition écologique,
 la santé des agriculteurs et des citoyens, en particulier les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées.

Les néonicotinoïdes restent une ligne rouge. Ces insecticides neurotoxiques ont provoqué des pertes massives de colonies, une chute de la production de miel, et des dégâts irréparables dans les écosystèmes. Les réautoriser, sous quelque forme que ce soit, serait un signal dramatique pour le monde apicole, médical et scientifique.

L’UNAF, ses syndicats affiliés, ses 20 000 adhérents, et ses partenaires restent mobilisés pour obtenir le rejet, cette fois définitif, de la proposition de loi Duplomb. Nous agirons en responsabilité, dans le débat démocratique et devant toute juridiction compétente.

Nous vous appelons à voter en conscience, en protégeant la vie, le vivant, et le bien commun. Avec détermination et espoir,

Christian Pons
Président
Union nationale de l’apiculture française (UNAF)

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