L’UNAF s’engage avec 41 organisations de la Platerforme pour une autre PAC et signe une lettre ouverte à l’occasion du Salon de l’Agriculture 2020 qui a lieu au Parc des expositions de Versailles à Paris
Chaque année, le Salon de l’agriculture expose ses produits de terroir, ses charolaises aux robes rutilantes, ses paysans fiers de partager les fruits de leur labeur avec les consommateurs. Reflet d’une profession heureuse tout entière dédiée à la qualité, ou plutôt image idyllique qu’une partie de la profession souhaite renvoyer ? En réalité, paysans et non paysans s’accordent sur le caractère alarmant de la situation actuelle du secteur : revenus agricoles dramatiquement bas, conscience de la demande croissante des consommateurs pour une alimentation de proximité exempte de produits de synthèse et respectueuse du bien-être animal, absence de renouvellement générationnel des actifs agricoles, menace du dérèglement climatique et de l’érosion massive de la biodiversité sur les capacités de production du pays, raréfaction de la ressource en eau, etc.
Rappelons toutefois que la Politique Agricole Commune subventionne massivement les agriculteurs européens. Fin 2020, sa réforme sera scellée à la fois au niveau européen et au niveau national. Cette réforme constitue la dernière opportunité pour redonner une voie d’avenir au secteur agricole sur la prochaine décennie, avant que des tendances irréversibles ne soient franchies (en termes de nombre d’agriculteurs comme en matière d’écologie). Si nous sommes capables de partager les constats, nous devons être capables de nous entendre sur les solutions à préconiser pour la PAC post 2020.
C’est justement l’exercice conduit par la plateforme Pour une autre PAC, forte de l’expérience de terrain de nos organisations paysannes couplée à la prise en compte de tous les enjeux sur lesquels la PAC a un impact : accès à une alimentation saine, diversifiée et accessible à tous, dynamisme des zones rurales, renouvellement des générations, bien-être des animaux d’élevage, préservation de la biodiversité et de la ressource en eau, lutte contre le changement climatique, souveraineté alimentaire, santé publique. Entre monde paysan et représentants des citoyens, le dialogue, le partage d’une vision politique et la co-construction de propositions politiques sont possibles ! Ainsi, la plateforme Pour une autre PAC a élaboré un projet complet de réforme pour la PAC post 2020, à la fois ambitieux dans les choix politiques qu’il dessine et ouvert à tous les paysans, quelles que soient leurs pratiques actuelles. Il ne met de côté aucun des défis que la prochaine PAC devra relever – de l’encadrement des marchés agricoles à l’accompagnement de la transition agroécologique, car l’ensemble de la société est concerné par chacun d’entre eux.
Dans le cadre des négociations pour la réforme de la PAC, un débat public sera lancé dimanche 23 février et ouvert jusqu’à fin mai. Il représente l’occasion d’éviter une fermeture sur lui-même du monde agricole, à l’heure où la société tout entière devrait considérer le caractère indispensable du travail des paysans et où le système agricole dans son ensemble doit être revu pour répondre à l’intérêt général. En effet, seule une réorientation du modèle agricole et alimentaire pourra sortir les agriculteurs de l’ornière dans laquelle ils se trouvent, prisonniers d’un système. Cependant, l’ampleur et le rythme des changements requis se heurtent à l’opposition farouche des représentants de certains syndicats agricoles et lobbies de l’agro-industrie, à l’image de récentes tentatives de réforme des politiques agricoles allant pourtant dans le sens d’une alimentation plus saine, plus respectueuse de l’environnement et du bien-être animal.
Unissons-nous pour demander aux responsables politiques qui arpenteront les allées du Salon de l’agriculture dans les prochains jours d’oser une vraie réforme de la PAC ! Transformons-la en un nouveau PACte (pacte fondé sur une Politique Agricole et Alimentaire Commune) entre les paysans et la société, permettant tout à la fois aux premiers de vivre fièrement de leur métier et à leurs concitoyens de bénéficier des bienfaits de leur activité.