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L’UNAF a cosigné un courrier envoyé à la Présidente de la Commission européenne pour demander à ce que la Commission n’abandonne pas la proposition de règlement sur l’utilisation durable des pesticides (SUR) malgré le rejet du texte par le Parlement européen.
Madame la Présidente von der Leyen,
Nous, les organisations non gouvernementales soussignées représentant les agriculteurs, les consommateurs, les organisations environnementales, commerciales et de défense des droits de l’homme, écrivons pour exprimer notre soutien collectif à une proposition ambitieuse sur l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques (SUR).
Tout en reconnaissant la récente décision du Parlement européen de ne pas adopter une position appropriée, nous sommes néanmoins convaincus que les questions abordées dans la proposition SUR sont de la plus haute importance pour la santé des citoyens, la préservation de la nature, l’arrêt et l’inversion de l’effondrement de la biodiversité, et par conséquent le maintien d’agro-écosystèmes productifs et résilients pour assurer la sécurité alimentaire.
Les citoyens de l’UE sont de plus en plus sensibilisés à ces questions et continuent d’exiger des mesures efficaces pour réduire l’utilisation des pesticides et les risques qu’ils présentent, comme le montrent des indicateurs tels que deux initiatives citoyennes européennes (ICE) "Save Bees and Farmers" et "STOP Glyphosate", les baromètres de l’UE, la Conférence sur l’avenir de l’Europe et l’enquête d’Ipsos "Play it Safe". Ces préoccupations reflètent un consensus plus large qui s’étend à divers secteurs de la société, y compris les communautés scientifiques et sanitaires :
– Les initiatives citoyennes européennes "Sauvez les abeilles et les agriculteurs" et "STOP Glyphosate" font partie des quelques ICE qui ont abouti dans l’UE, illustrant l’engagement du public à protéger les pollinisateurs, l’environnement et, surtout, la santé des agriculteurs et des travailleurs du secteur alimentaire. Cet appel à l’action législative est toujours d’actualité.
– En outre, les enquêtes de l’Eurobaromètre ont régulièrement démontré que l’impact des pesticides sur la santé et l’environnement préoccupe largement le public.
– La Conférence sur l’avenir de l’Europe a permis aux citoyens d’exprimer leurs aspirations et ils ont opté pour un système agricole plus durable et plus résistant, avec des réductions significatives de l’utilisation des pesticides.
– Le rapport d’enquête d’Ipsos intitulé "Play it Safe" souligne encore davantage l’urgence d’agir, car il met en lumière les perceptions et les attentes du public à l’égard de l’utilisation des pesticides. Cet appel collectif en faveur d’une réduction de l’utilisation des pesticides s’inscrit dans le cadre plus large du mouvement mondial en faveur de l’agriculture durable, tel qu’il est décrit dans divers accords et conventions internationaux.
La science souligne constamment le besoin critique de réduire l’utilisation des pesticides et les risques qui y sont associés. Les scientifiques ne cessent de mettre en garde les décideurs politiques contre les effets néfastes des pesticides sur la biodiversité, les services écosystémiques et la sécurité alimentaire. La protection des ressources naturelles nécessaires à une production alimentaire résiliente et durable est primordiale face à l’escalade des défis environnementaux. Les pesticides ont été associés à des effets néfastes sur la santé humaine, la biodiversité et la stabilité des écosystèmes.
Le cadre de biodiversité de Kunming-Montréal prévoit des actions sur les pesticides, avec l’intention de réduire l’utilisation globale et la toxicité des pesticides (charge de pesticides / charge toxique) d’au moins la moitié d’ici à 2030. Les éléments centraux du protocole sont des actions transformatrices sur les pesticides et la réforme du secteur agricole. En l’absence de toute réglementation, il est douteux que l’on puisse atteindre l’objectif d’une réduction d’au moins 50 %.
Par conséquent, nous demandons instamment à la Commission européenne de poursuivre ses efforts pour respecter ces engagements primordiaux, et de ne pas retirer la proposition SUR, mais de continuer à travailler sur ses dispositions essentielles. Il est impératif que la Commission continue à travailler intensément à des solutions qui donnent la priorité à la santé des citoyens, à la préservation de la nature, à l’inversion de l’effondrement de la biodiversité et à la garantie d’une sécurité alimentaire à long terme.
Nous demandons instamment à la Commission européenne de s’engager à élaborer des politiques fondées sur des données probantes et de consacrer son travail à la sauvegarde du bien-être des générations actuelles et futures. En tant que représentants de diverses parties prenantes qui partagent une préoccupation commune pour la durabilité de nos systèmes alimentaires, nous sommes prêts à collaborer et à soutenir une proposition SUR ambitieuse.
Le marché vert européen est une politique phare de votre Commission qui a été accueillie positivement par la population européenne. Nous vous remercions pour votre engagement et le travail accompli jusqu’à présent et nous nous réjouissons de poursuivre notre collaboration afin de préparer l’agriculture européenne à l’avenir et d’améliorer la santé et l’environnement.
Pour retrouver le courrier en anglais avec l’ensemble des signataires :