Plan pollinisateurs et pulvérisation de pesticides en floraison : Les apiculteurs demandent à l’État de respecter ses engagements !

17 décembre 2020

Le 18 décembre, les Ministères de la Transition Écologique et de l’Agriculture vont présenter un plan global sur les pollinisateurs, comprenant une variété de mesures. Dans ce plan, le gouvernement souhaite revoir l’arrêté du 28 novembre 2003 afin d’étendre l’interdiction des pulvérisations d’insecticides en floraison à l’ensemble des produits pesticides, y compris fongicides et herbicides. Pour les produits qui bénéficieraient d’une dérogation floraison (dispositif actuellement existant), le traitement pourrait être réalisé en l’absence d’abeilles et cet arrêté préciserait les plages horaires de traitement autorisées, soit après le coucher du soleil et pendant les 3h qui le suivent – lorsque cela est techniquement possible.

Depuis plusieurs jours, la FNSEA mobilise tous ses réseaux et soutiens pour s’opposer à ce projet du gouvernement consistant à renforcer la réglementation encadrant l’épandage de pesticides en présence de pollinisateurs.

Aujourd’hui, face à ces pressions, nous attendons de l’État qu’il respecte ses engagements. Pulvériser des pesticides, pas seulement insecticides, en pleine floraison pose de réels problèmes pour les abeilles, domestiques comme sauvages. Par exemple : intoxications aiguës et affaiblissement des colonies, effets comportementaux sur les abeilles solitaires, toxicité létale pour les bourdons.

C’est pourquoi l’Union Nationale de l’Apiculture Française, le Syndicat National d’Apiculture et la Fédération Française des Apiculteurs Professionnels appellent le gouvernement à honorer ses engagements et à appliquer strictement les recommandations de l’Anses pour la protection des pollinisateurs !

Ce projet est en effet un engagement de longue date de l’Etat. La révision de l’arrêté sur les modalités d’épandage en période de floraison est un sujet en discussion depuis 2014. Le projet présenté prochainement applique les recommandations de l’avis de l’Anses rendu en février 2019 , sur saisine du gouvernement, et à la suite duquel les Ministres de la Transition Ecologique et de l’Agriculture de l’époque s’étaient engagés à réunir les acteurs pour renforcer cette réglementation. Courant 2019, par deux fois, les acteurs des filières agricoles, les apiculteurs et les ONG environnementales ont été réunis.

En août 2020, dans son communiqué d’annonce des dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes sur la betterave, Julien Denormandie a lui-même mentionné qu’un plan pollinisateurs serait mis en place faisant explicitement référence à cet arrêté abeilles et à son renforcement .

Un arrêté indispensable pour le bien-être des pollinisateurs
Comme le rapporte l’Anses dans son avis :

–  Des fongicides et herbicides ont été reconnus responsables de cas d’intoxications aiguës de colonies d’abeilles dans le dispositif de suivi des mortalités massives aiguës.
–  Les données de contamination des matrices apicoles (analyse sur pollen de trappe) montrent que les abeilles domestiques et leurs larves sont exposées à des nombreuses substances pesticides, et notamment de nombreux fongicides.
–  De nombreuses publications scientifiques documentent les effets néfastes des fongicides, en co-exposition avec d’autres substances actives ou de pathogènes, et même sans co-exposition.

De nombreux agriculteurs mettent déjà en place des mesures de traitement nocturne :

–  La coopérative des vins des coteaux de Buzet a signé les accords de certification Bee Friendly® et a mis en place des traitements nocturnes depuis 2016.
–  Dans le Sud-Est, du fait des conditions météorologiques et du vent, fort en journée et qui tombe la nuit, les agriculteurs réalisent déjà leurs traitements de nuit.
–  La coopérative CAVAC, en Vendée, produit des semences de colza, une culture qui nécessite de nombreux traitements durant la floraison mais dépend aussi beaucoup de la pollinisation par les insectes. Les agriculteurs travaillant sous contrat semences avec la CAVAC se sont engagés à réaliser les traitements par pulvérisations sur les colzas en fleur uniquement à partir du coucher du soleil.
–  La FDSEA de la Vendée confirme l’applicabilité du traitement nocturne grâce à son expérience depuis plusieurs années dans l’application de la mention « Abeilles ».
–  Au sein des structures adhérentes, InterApi – interprofession apicole - dispose de nombreux témoignages d’apiculteurs qui sont aussi agriculteurs, sur la faisabilité et les avantages des traitements au coucher du soleil qu’ils appliquent spontanément
–  Depuis de nombreuses années. Ils constatent des avantages considérables pour les deux ateliers de production dans leurs exploitations.
–  Contrairement à ce qu’affirme la FNSEA, cette réglementation n’est pas une exception française et de nombreux Etats européens appliquent déjà des mesures de restrictions favorisant les traitements en l’absence de pollinisateurs.