Les pesticides SDHI, qui bloquent la respiration cellulaire, sont de plus en plus utilisés en agriculture. Une récente étude scientifique alerte sur leurs effets graves sur la santé, l’environnement et les abeilles.
Le réseau scientifique Holimitox a récemment publié le livret de restitution de son séminaire du 7 novembre 2024. Ce séminaire d’une journée était consacré à la restitution des travaux des scientifiques d’Holimitox sur les pesticides SDHI (Succinate Dehydrogenase Inhibitors), ces fongicides mitotoxiques qui perturbent la respiration cellulaire. Leur usage croissant dans l’agriculture française suscite de plus en plus d’inquiétudes, notamment pour leur impact sur la biodiversité, la santé humaine et les pollinisateurs, dont les abeilles.
Qu’est-ce qu’un pesticide SDHI ?
Les pesticides SDHI appartiennent à une famille de fongicides dont le mode d’action repose sur le blocage de la succinate déshydrogénase, une enzyme clé de la chaîne respiratoire cellulaire. Autrement dit, ils empêchent les cellules de produire de l’énergie, ce qui conduit à la mort des organismes visés. Mais cette action n’est pas spécifique : d’autres êtres vivants, dont les abeilles, les poissons, les souris et même les cellules humaines, sont également affectés.
Des effets préoccupants sur l’environnement et la santé
Lors de la journée du 7 novembre 2024 organisée par Holimitox, les scientifiques ont présenté des données alarmantes sur :
• La large diffusion environnementale et alimentaire des SDHI en France ;
• Les effets toxiques constatés sur divers organismes non-cibles, dont les abeilles ;
• La persistance des effets jusqu’à 20 jours après exposition des abeilles ;
• L’importance des effets cocktails liés aux coformulants, et lorsque ces produits sont combinés à d’autres stress (parasites, coformulants, etc.).
Les chercheurs constatent que les obstacles socioéconomiques freinent aujourd’hui la réduction de leur usage, malgré les risques sanitaires avérés.
Quel impact sur les abeilles ?
Le professeur Frédéric Delbac a présenté une étude inédite sur l’exposition chronique des abeilles à plusieurs molécules SDHI (boscalid, fluopyram, fluxapyroxad et bixafen), seules ou combinées avec Nosema ceranae, un parasite courant qui affecte lui aussi la respiration cellulaire.
Les résultats montrent :
• Une toxicité non linéaire : de faibles doses peuvent produire des effets plus marqués que des doses plus élevées ;
• Une mortalité accrue jusqu’à 20 jours après exposition ;
• Des différences notables entre l’effet des molécules pures et celui des produits formulés ;
• Une synergie délétère avec les infections parasitaires.
Pourquoi ces travaux sont essentiels ?
Les études comme celles menées par Holimitox rappellent l’importance de tests toxicologiques sur le long terme, prenant en compte les effets cocktails, pour évaluer les dangers des pesticides. Elles renforcent les demandes de l’UNAF pour une interdiction des pesticides SDHI et une transition vers une agriculture durable, respectueuse du vivant.
Découvrir le cahier de restitution :