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Les néonicotinoïdes, la ligne rouge pour les apicultrices et apiculteurs

21 mai 2025

Message Alerte Pollinisateurs adressé à tous les député.e.s sur l’histoire douloureuse de l’apiculture française avec les néonicotinoides. Arrivés sur le marché des pesticides au début des années 1990, ces neurotoxiques ont été interdits en 2018 après une longue bataille des apiculteurs et de l’UNAF.

Madame la Députée, Monsieur le Député,

À la veille du débat et du vote à l’Assemblée nationale de la "proposition de loi Duplomb", nous souhaitons vous rappeler, avec gravité et lucidité, l’histoire des néonicotinoïdes en France et l’engagement constant de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) pour leur interdiction définitive.

Une histoire douloureuse que les apiculteurs n’ont pas oubliée
Introduits en France dans les années 1990, les néonicotinoïdes, notamment le Gaucho (imidaclopride), ont provoqué des mortalités massives de colonies d’abeilles et des pertes de récoltes considérables, menaçant directement l’équilibre écologique et la survie de milliers d’exploitations apicoles.

Dès 1996, les organisations d’apiculteurs, dont l’UNAF, ont alerté les autorités sur l’anomalie de ces mortalités inexpliquées.

Ce combat s’est mené :
 Sur le terrain, par la surveillance des ruchers et la collecte de preuves de contamination sous l’égide du Ministère de l’Agriculture et avec le concours du CNRS et de l’INRAE,
 Dans la rue, avec des manifestations nationales rassemblant apiculteurs, citoyens, scientifiques et environnementalistes,
 Dans les tribunaux (Conseil d’Etat, Cour européenne de justice, tribunaux administratifs) avec des procédures judiciaires à l’encontre des firmes agrochimiques,
 Et à l’Assemblée nationale puis à la Commission européenne, par un travail acharné de sensibilisation des parlementaires et décideurs.

Grâce à cet engagement sans relâche, la France a interdit les cinq principaux néonicotinoïdes dès 2018. C’était une victoire de la science, de la biodiversité, et de la santé publique. Chronologiedes néonicotinoides en France et les actions de l’UNAF.

Mais aujourd’hui, une minorité agissante, l’agrochimie et des syndicats agricoles, souhaite réautoriser des néonicotinoïdes. Pour l’UNAF, c’est une ligne rouge.

"Certains collègues se sont pendus"
Yves Delaunay, apiculteur professionnel, a raconté à l’Assemblée nationale comment ses ruches ont été décimées par les néonicotinoïdes, et combien la lutte pour leur interdiction fut vitale. Il appelle à ne pas répéter les mêmes erreurs pour la nouvelle génération : Voir la vidéo

Il est la voix de milliers d’apicultrices et d’apiculteurs français pour qui le retour de ces molécules neurotoxiques serait un point de rupture. Et un abandon inacceptable de la parole politique donnée.

Le retour des néonicotinoïdes n’est pas une fatalité
Aujourd’hui, alors que l’article 2 de la proposition de loi Duplomb ouvre la voie à un retour de ces produits, même sous d’autres noms ou formulations, nous vous alertons : Ce retour serait une trahison envers les apiculteurs, un danger pour la biodiversité, et un non-sens écologique et sanitaire. Dans toutes les filières, même la betterave sucrière et la noisette, il existe des alternatives efficaces aux néonicotinoides économiquement viables.

L’UNAF, syndicat historique représentant plus de 22 000 apicultrices et apiculteurs français, s’oppose fermement à toute réintroduction directe ou déguisée des néonicotinoïdes, y compris sous la forme de molécules “voisines” ou de “nouvelle génération”.

Les abeilles font déjà face à assez de défis :
 Disparition des ressources florales,
 Changement climatique,
 Maladies et prédateurs invasifs (frelon asiatique, varroa),
 Et une précarité économique croissante du métier d’apiculteur.
Rajouter un poison supplémentaire serait irresponsable.

Ce que nous vous demandons
 Rejeter clairement et fermement la PPL Duplomb,
 Affirmer votre soutien à l’interdiction des néonicotinoïdes en France,
 Protéger la pollinisation, l’apiculture et la souveraineté alimentaire française.

Nous comptons sur votre engagement pour que la France reste un pays pionnier dans la protection des pollinisateurs.

Avec respect et vigilance,

Henri Clément
Porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF)

PS : Chronologiede l’arrivée jusqu’à l’interdiction des néonicotinoides en France, et les engagement de l’UNAF contre ces tueurs d’abeilles

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