Depuis l’apparition des OGM dans les champs, les apiculteurs s’interrogent de leurs effets sur les abeilles. En Europe, le seul OGM cultivé à grande échelle est à l’heure actuelle le maïs MON810, génétiquement modifié pour produire en permanence un insecticide de lutte contre la pyrale. Interdit en France depuis 2008, il est largement cultivé en Espagne et dans une moindre mesure dans d’autres pays au Portugal, en Roumanie, République Tchèque et Slovaquie.
L’innocuité de ce maïs sur les abeilles n’est pas établie. Plusieurs études montrent que s’il n’y a pas d’effet létal, le comportement de butinage des abeilles en est affecté. Plus généralement, l’utilisation des OGM est dans 99% des cas associée à l’usage d’un pesticide, et à un modèle d’agriculture non favorable au bien être de l’abeille. Dans le monde, plus de 60% des OGM sont génétiquement modifiés pour résister à un herbicide (c’est le cas du soja Round-up-Ready, cultivé à très grande échelle en Amérique du Sud). L’apparition de ces plantes a facilité les pratiques culturales des agriculteurs en simplifiant l’épandage du glyphosate, participant ainsi au développement de zones de monocultures, qui réduisent la diversité des sources de nectar et de pollens pour les abeilles tout en contaminant durablement l’environnement.
Outre leurs effets sur les abeilles, c’est l’apiculture qui est menacée par la culture des OGM. En septembre 2011, la Cour de justice de l’Union européenne a décidé que du miel contenant du pollen d’OGM devait être étiqueté, au même titre que les autres produits contenant des traces d’OGM. Mais les institutions européennes ne l’ont pas entendu de cette oreille et ont modifié la réglementation européenne pour que le miel bénéficie d’une exemption à cette obligation d’étiquetage, au détriment du droit à l’information des consommateurs et du droit des apiculteurs à produire sans OGM.
Par ailleurs, de nouvelles plantes issues de manipulations génétiques ont récemment fait leur apparition en France, il s’agit des variétés rendues tolérantes à des herbicides (VRTH). A l’instar de la plupart des OGM, ces plantes ont été génétiquement manipulées pour pouvoir survivre tout en étant traitées avec des herbicides. Mais ce sont des OGM cachés car elles ont été arbitrairement exclues du champ d’application de la réglementation sur les OGM. Depuis quelques années, la France cultive plusieurs milliers d’hectares de ces colzas et tournesols et l’UNAF s’inquiète du développement de ces cultures. Dans un rapport publié en novembre 2011, une expertise collective INRA-CNRS, commanditée par les ministères de l’agriculture et de l’écologie dans le but d’étudier les effets de ces variétés végétales, pointe du doigt les nombreuses carences de l’évaluation de l’impact de ces plantes sur les pollinisateurs. Selon ce rapport, il n’existe pas d’étude solide montrant l’absence d’effet des variétés tolérantes aux herbicides (VTH) sur les abeilles. Pourtant, plusieurs impacts potentiels sont identifiés, au nombre desquels la modification de l’attractivité de ces plantes pour les pollinisateurs, la toxicité directe des herbicides pour les abeilles ou la diminution de la nourriture disponible pour les pollinisateurs du fait de la disparition des adventices.
La culture des OGM et l’apiculture sont deux activités incompatibles et l’UNAF s’engage résolument contre leur culture en plein champ, pour protéger les abeilles et l’apiculture contre les inévitables contaminations des produits de la ruche.
Ainsi, l’UNAF a mis en œuvre plusieurs actions et notamment :
D’une manière générale, l’UNAF œuvre auprès des acteurs institutionnels français et européens pour la protection de l’apiculture et des abeilles contre les OGM.
Le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) a publié ce jour un avis sur le projet de décret qui vise la réglementation des OGM. L’UNAF avait démissionné du HCB en 2016, à cause des nombreux dysfonctionnements. L’UNAF était notamment fortement opposée à l’exclusion des nouveaux OGM de la réglementation. Heureusement, la justice Européenne, puis la justice Française nous ont finalement donné raison. C’est pourquoi, nous avons décidé de revenir au HCB pour participer aux discussions sur l’application de ces décisions de justice. Notre surprise a été considérable de ne disposer que de 2 heures 30 de réunion plénière et en visioconférence pour adopter une recommandation restreinte aux seules questions juridiques !
Alors que se clôturent les EGA ce jeudi 21 décembre, les cinquante organisations de la « plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire » expriment leurs demandes concernant la loi prévue sur l’alimentation début 2018 et les plans de filière.
A l’occasion des Etats Généraux de l’Alimentation, 50 organisations, dont l’UNAF, se sont rassemblées au sein d’une « Plate-forme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire » pour porter ensemble des propositions concrètes à la table des concertations.